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26 juil. 2015 10:26:00 Emploi

Que changent les 18 mesures de Valls pour les TPE/PME ?

Début juin, Manuel Valls a annoncé un « Small Business Act » visant à stimuler l'embauche dans les TPE et les PME. Celui-ci comporte 18 mesures dont une prime exceptionnelle de 4 000 euros pour l'embauche d'un premier salarié, l’assouplissement de la période d’essai des apprentis, le plafonnement de l'indemnisation versée par les

Prud'hommes aux salariés (en cas de licenciement abusif), la possibilité de renouveler deux fois un CDD, ou encore un gel de trois ans des obligations qui s'imposent aux entreprises qui franchissent des seuils d'effectifs.

Alors que les patrons accueillent favorablement ce que les syndicats qualifient déjà de plan proentreprises, que peut-on vraiment en attendre ? Denis Jacquet, expert en questions économiques, chef d’entreprise et fondateur de l’association Parrainer la croissance, analyse pour Entretien Textile les premières mesures gouvernementales en faveur des entreprises.

Entretien Textile : Concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les chefs d’entreprise de TPE et de PME ?

Denis Jacquet : Pour le pays, cela ne changera rien. Ni en termes de croissance, d’investissement et donc d’emplois. En revanche, ce sera une couche de « douceur » sur la législation « dure » que les politiques assènent aux PME depuis 20 ans. Il ne faut donc pas bouder son plaisir. Même s’il est limité. Ce dont ont besoin les PME, ce ne sont pas des primes à l’embauche, du ponctuel, mais du durable. Ce ne sont pas des micro-mesures, mais un travail global de simplification, d'allègement, de stabilité et de confiance. Être payé en 30 jours par les grands groupes, avoir un contrat unique qui permette de s’adapter aux situations difficiles, moins de charges patronales pour plus de « net » pour les salariés, des heures supplémentaires non taxées, moins de normes, moins ou plus de seuils sociaux, jusqu’à 500 salariés au moins. Et pour le textile, tracer à nouveau une filière du tissu à la vente, de formation sur des métiers disparus et d’aide à ceux qui produisent en France pour accentuer et retrouver leur effort.

Entretien Textile : Est-ce suffisant pour redonner un coup de « boost » à l’emploi ?

Denis Jacquet : Non. Cela ne changera rien. Sans croissance, sans visibilité à moyen terme, sans investissement, pas d’emplois. Toucher une prime à l’embauche pour un salarié dont on ne sait pas si on en aura besoin demain n’a pas de sens. Il faudrait être bien plus audacieux pour donner envie d’embaucher, de prendre ce qui est devenu, en France, un risque. Alors qu’employer devrait être un investissement, une magnifique opportunité. Pour s’étoffer, aller vendre, gagner des parts de marché. Entre autres. Il faut donc des mesures à long terme pour créer l’emploi. Et pour l’instant, les politiques nous font des effets de manche. C’est un costume qu’on reprise, alors qu’il faut en tailler un neuf.

Entretien Textile :Quelles autres mesures devraient être mises en place pour changer la donne ?

Denis Jacquet : Il faut de la flexibilité. Donc pouvoir embaucher et débaucher facilement. Tout en accompagnant ceux qui perdent leur emploi, afin que cette période leur soit bénéfique (accompagnement, formation). Il faut que les négociations se fassent au plus près des structures et non au niveau national, entre les salariés et leur entreprise. Je parle bien des TPE/PME. Il faut miser sur un droit social, un niveau normatif, un niveau d’obligation super allégé. J’en viens à souhaiter un droit spécifique pour les PME car les traiter comme des grands groupes n’a pas de sens et elles seules créent en France de l’emploi net. Il faut annoncer un régime sévère de l’État afin qu’il redistribue les économies faites aux entreprises sous forme de baisse des charges. Il faut supprimer les seuils, régler le problème des délais de paiement et utiliser la commande publique pour doper l’achat aux PME. Avec une préférence pour ceux qui créent de la valeur en France.

Entretien Textile : Est-ce que la croissance peut se contenter de si peu ?

Denis Jacquet : Certainement pas. Se contenter c’est se résigner. Le temps politique n’est pas celui de nos entreprises. Eux pensent séquence, annonce, marketing politique et réélection. Nous avons des salariés et des fournisseurs à payer, tous les jours. Sans croissance, sans paiements de nos clients, sans soutien d’investissement et du tissu bancaire, sans attention de chaque instant à la réussite des PME en France, rien ne changera. Pour la plus grande tristesse de chacun, le plaisir des extrêmes, le désespoir de nos enfants et le dépit de nos seniors. Trois millions de PME méritent trois millions de mesures pour les aider à réussir, comme un cadeau fait à la France et à notre avenir.

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