Entretien Textile


RFID UHF : pourquoi investir ?
La technologie RFID (Radio Frequency Identification) UHF (Ultra Haute Fréquence) peut-elle faire réellement baisser les coûts ? Forte de nombreux avantages et d’arguments de poids, elle peine pourtant à s’implanter, dans un contexte tendu, où la prudence reste de mise sur les investissements chez l’ensemble des opérateurs. Mais si finalement lever les freins économiques permettait à terme un gain financier réel ?
Pourquoi l’adoption massive de la RFID, annoncée à plusieurs reprises depuis dix ans, tarde t-elle donc tant à se concrétiser ? En 2011, son taux d’utilisation par les entreprises françaises ne dépassait pas 2 % . Pourtant, il va sans dire que le secteur de la blanchisserie est clairement identifié comme porteur, cela depuis l’arrivée de cette technologie. Le secteur blanchisserie est d’ailleurs clairement choyé par les fabricants de tags RFID comme Tagsys, Atlantic RF ou IER, qui ont bien compris que les freins économiques (investissement initial en termes de matériels et logiciels) et organisationnels rendent la conquête du marché des PME peu envisageable. C’est donc naturellement qu’ils se tournent vers les segments a priori porteurs et cherchent à lever les freins technologiques en intensifiant leurs efforts en matière de recherche et développement. Ainsi émergent de nouvelles solutions permettant de fiabiliser la lecture des puces dans des conditions difficiles (proximité avec le métal, l’aluminium et l’eau). Quant aux sociétés de services informatiques à l’image d’Atos ou IBM, elles mettent en place des partenariats avec des fabricants et des intégrateurs spécialisés pour répondre aux appels d’offres des clients. Des efforts qui payent : le chiffre d’affaires des spécialistes français devrait ainsi progresser de 4 % en 2013 et de 5 % en 2014, avant de rebondir plus franchement à l’horizon 2015, selon les prévisions des experts de Xerfi1. De fait, si les investissements en recherche et développement vont bon train d’un côté, le coût engendré pour s’équiper de la technologie RFID laisse le secteur encore un peu frileux, bien que conscient de la difficulté de faire l’impasse sur ce qui permet aux intéressés de tout savoir, de contrôler les coûts et les achats, d’économiser de la main d’œuvre ou d’optimiser l’organisation. Et donc au final, de réaliser des économies !
Penser investissement et bénéfices
En RFID, on parle souvent du coût du tag. On entend dire, en particulier et à tort dans la grande distribution, qui fait souvent la comparaison avec le prix du code-barres à 1 centime : « Tant qu’on ne sera pas à quelques centimes le tag, je n’irai pas ! ». C’est une approche un peu limitée. Si on a en effet tous les éléments pour avancer (« cela me coûte 100 et me rapporte 150 »), n’importe quel dirigeant vous accordera toute son attention. La vraie question est « combien cela me rapporte t-il, en qualité, en sécurité, en euros ? », et non « combien cela me coûte t-il ? ». A partir de là, il est possible de penser investissement. Par ailleurs, l’impact économique et les gains permis par l’UHF seront vraisemblablement très importants pour les professionnels et devraient séduire de très nombreuses blanchisseries, qu’elles soient déjà équipées RFID ou pas. D’autant que l’UHF est sur le point d’être promu comme un standard, ce qui procurera aux opérateurs comme à leurs clients une indispensable liberté.
La traçabilité : au-delà du mot, une idée
Certes, rentabiliser la traçabilité ne s’improvise pas, et comme toujours, il faut définir ses besoins et peser son cahier des charges. Mais d’abord, qu’entend t-on par traçabilité ? « Le simple comptage de ce qui rentre ou sort d’une blanchisserie, ce n’est pas de la traçabilité », prévient Serge Reinaud, Directeur des ventes Senior chez Tagsys, l’un des acteurs majeurs en France. Puis d’énumérer quelques exemples d’enregistrements accessibles en temps réel - dès le moment où ils se produisent - par le blanchisseur comme par son client :  « départ et arrivée du linge sale, opérations successives d’entretien, statut propre du linge, lieu de stockage du propre, expédition du propre au client, réception du propre par le client, propre confié au porteur par le client, sale rendu par le porteur au client... » Bref, littéralement, tout événement peut être mémorisé, à condition que la saisie de cette information soit utile et facilitée, sous réserve qu’une base de données puisse l’accueillir et en permettre un traitement économiquement justifié. « Ce type de traçabilité existe encore assez peu, admet Serge Reinaud, avant d’ajouter : Tout le monde en rêve, en se disant aussitôt que cela a un coût. C’est là qu’il importe de bien mesurer le coût et de le rapprocher des économies induites. La seule question, c’est « Quel est le bénéfice ? ».
Réfléchir avant d’agir…
Plusieurs questions préliminaires s’imposent donc avant de vouloir tout tracer, ne serait-ce que parce que les problématiques et les enjeux ne sont pas les mêmes dans le monde de la santé, dans l’industrie ou dans les services. « Le vêtement de travail est-il loué ou est-il la propriété de l’utilisateur final ? », commence Serge Reinaud. « S’agit-il d’un vêtement banalisé ou personnalisé ? Y a t-il un risque ou pas pour ce vêtement ? Quel sont les coûts de l’équipement et de l’organisation par rapport à celui du vêtement ? » Les réponses s’imposent, avant de franchir le pas. Ainsi, par exemple, si le coût unitaire d’une chemise de malade dans un hôpital conduit à s’interroger, l’évasion et les volumes sont tels qu’un contrôle serré permettrait peut-être de sérieuses économies...
… mais ne pas rater le train !
« Nous sommes de plus en plus sollicités par des fabricants de vêtements et des distributeurs, qui veulent intégrer un tag RFID au stade de la fabrication. Ils anticipent la demande et voient bien l’argument commercial », observe un autre intervenant. Et l’une des raisons pour lesquelles une telle demande commence à apparaître, c’est qu’un standard se profile à l’horizon en RFID-UHF, parce que la technologie est stable et éprouvée. L’ISO n’est pas loin... « Ca va se généraliser, estime Serge Reinaud. Cela ira assez vite et le coût de l’infrastructure va chuter. Nous sommes en contact avec les gens qui tissent, avec ceux qui confectionnent, qui stockent, qui transportent, qui louent, qui utilisent. » Et tous sont prêts à adopter cette technologie.

1 Source Xerfi, Le marché de la RFID et du NFC, juin 2013
Mise en place d’une traçabilité RFID au SIH 47 à Agen
ORDEIP s’est vu confier la mission par le Syndicat Inter-Hospitalier (SIH) 47 (Lot et Garonne) de faire passer son système de traçage par code à barre à un système de traçabilité via puce RFID afin de gagner en productivité et efficacité.
Le SIH 47 utilisait jusqu’à fin janvier 2011 une traçabilité du linge basée sur un code barre à dix caractères. Depuis cette date, ORDEIP avait en place une solution RFID basée sur l’utilisation du logiciel ORDéLINGE. Sans qu’aucune modification ne soit apportée aux programmes de gestion du convoyeur VT et trieur (d’où une économie considérable), cette solution permet une utilisation simultanée des deux types d’identifiants code à barres et puces RFID. Cet élément est primordial, vu le nombre de VT à remarquer. Le délai de transition entre les deux technologies est évalué à 2 ans minimum.
La solution installée prend également en charge :
> Le marquage, l’affectation, la gestion complète du linge destiné aux porteurs et aux services.
> La distribution : 4 PAD permettent à 4 agents via une connexion wifi de distribuer les dotations journalières de linge.
> La gestion des sacs de linge : ORDéGESSAC, à l’aide de 2 postes équipés en RFID (un à l’entrée sale, l’autre en sortie propre), permet la distribution des sacs de linge en rapport avec une dotation théorique et selon le principe 1 sac en entrée sale = 1 sac distribué en sortie propre.
> Un site WEB permet aux différents services et clients de passer commande du linge et de suivre les livraisons en temps réel.
Toutes les informations recueillies lors du process (accrochage des sacs, habillage des cintres, distribution, etc) sont centralisées et disponibles afin que le responsable du SIH puisse facturer la prestation.  Désormais, le SIH 47 a une solution
de traçabilité globale.
Les avantages de la RFID UHF dans la gestion des linges du résident
Dernière génération de traçabilité par identification radio fréquence, la RFID UHF permet une lecture sans contact dans
un rayon pouvant atteindre 2 mètres 50. Cette méthode d’identification par radiofréquence ou plutôt ultra-haute fréquence  (UHF) offre de nombreux avantages dans la gestion et la sécurisation des trousseaux des résidents de maison de retraite :
• Inventaire en moins de 45 secondes d’une penderie ou d’un sac de linge,
• Détection des intrus dans les armoires ou autres lieux,
• Création de « check point » afin de garantir une traçabilité qui maitrise 100% des mouvements.
• Limitation de la manu-contamination.
• Possibilité d’évolution vers des services à forte valeur ajoutée à destination du résident et de sa famille.
Il existe un chariot mobile d’inventaire en chambre, qui permet de réaliser très simplement
un inventaire des vêtements du résident directement dans sa chambre, son armoire, sa penderie.
Les données sont ensuite synchronisées pour être publiées et rendues accessibles à la famille abonnée.
Point de vue : Laurence Brûlé-Duprez, présidente de l’URBH : « Une véritable opportunité ! »
Si les solutions mises en place sont performantes, facilement intégrables dans nos systèmes d’information et compatibles avec nos installations et notre environnement industriel, les bénéfices de la RFID sont importants. Nous pouvons ainsi identifier et tracer l’ensemble de notre linge durant toute leur durée de vie et connaître parfaitement nos stocks. Cela nous permet ainsi de mieux gérer les achats de linge neuf, de réduire les disparitions de linge et d’améliorer la productivité de l’usine en évitant le comptage manuel. Pour nous cela représente donc une véritable opportunité pour offrir à nos clients, internes ou externes, de nouveaux services : distribution, quantification, communication…
 Un gain de productivité de l’ordre de 10 à 20 %
Selon la société Tagsys, l’utilisation de la puce RFID dans les blanchisseries industrielles et hospitalières permettrait des gains de productivité de l’ordre de 10 %, un résultat dû notamment à l’élimination des manipulations manuelles grâce aux systèmes de lecture automatique. Le syndicat interhospitalier Cannes-Grasse-Antibes parle même de 20 % de gain de productivité depuis son introduction dans sa blanchisserie, précisant que là ou un agent engageait
250 articles à l’heure avec le code-barres, il en engage 300 avec l’étiquette RFID. Avec la combinaison du vêtement pucé et du cintre lui aussi pucé, les erreurs de distribution liées à un mauvais tri peuvent être mieux évitées.