Système de dosage centralisé : précision et économies

Les systèmes de dosage automatique représentent un élément fondamental du processus de lavage car ils permettent d’obtenir une bonne gestion des paramètres de la blanchisserie. A l’heure actuelle, ce ne sont plus de simple système de dosage, mais des unités centralisées permettant un contrôle précis du processus de lavage, vecteur d’économies.

Au-delà de la problématique du coût d’investissement –les prix étant très variables d’un fabricant à l’autre, et tout étant conditionné par le besoin exprimé et les volumes de linge à traiter– il y a toutefois quelques incontournables à prendre en compte quand on fait le choix de s’équiper. « Le système doit être adapté à la configuration de la blanchisserie au moment de son installation. L’utilisateur doit alors se poser très tôt la question de l’évolution de son entreprise, notamment en termes d’outils de lavage. Le choix de départ pourra donc se faire sur un système de dosage offrant une adaptabilité à une évolution du parc machine », explique ainsi Philippe Chaizemartin, directeur commercial de la marque Ecolab. Un point de vue partagé par ses confrères : « La taille de la blanchisserie est le critère fondamental qui détermine le choix du système de dosage, car le poids de linge traité est le facteur qui nous permettra de financer l’investissement du matériel, que celui-ci soit mis à disposition ou non. Si elle souhaite obtenir un coût au kg cohérant, une petite blanchisserie ne pourra pas rentabiliser un investissement important de systèmes de dosage et elle n’obtiendra pas un délai d’amortissement suffisamment court (et peu importe qui paie pour cet investissement) », note Fabien Neel, responsable des ventes France pour Proquimia.

Poudres ou liquides ?

Entre les deux solutions, comment ou pourquoi privilégier plutôt l’une que l’autre ? « La tendance est tout de même plutôt au passage vers le liquide », confie Emmanuel Regourd, directeur commercial chez Christeyns. « La question ne se pose même plus trop pour une nouvelle blanchisserie. » Une tendance qui s’explique aussi par un passif. « Historiquement, le lavage avec des produits en poudre (100 % de matières actives, des rendements très élevés et par conséquent des coûts au kg de linge traité plus faibles) est rentable pour les grosses unités en blanchisseries industrielles ou hospitalières, en raison du coût élevé de l’équipement. Les systèmes liquides sont particulièrement positionnés sur les blanchisseries avec de plus petits volumes de linge traité, bien que, ces derniers temps, les évolutions chimiques permettent d’obtenir de meilleurs résultats et coûts de lavage. Aujourd'hui, l'évolution des systèmes basés sur des solutions solides a élargi le champ d'application, ce qui permet de couvrir des clients finaux à plus faible volume. Dans le futur, la tendance pourrait s’orienter vers l’utilisation de solutions liquides pour des raisons écologiques, grâce notamment à la sortie prochaine dans nos gammes, de produits liquides avec le label écologique « Ecolabel » et des emballages plus respectueux de l’environnement », explique Fabien Neel. « La tendance de l’utilisation des produits est clairement orientée aujourd’hui vers les produits liquides prêts à l’emploi. Le choix des clients se porte sur ces produits pour plusieurs raisons, au nombre desquelles nous pouvons citer la facilité d’utilisation (moins de manipulation) et la sécurité autour de la mise en œuvre des produits ainsi améliorée. Les systèmes de dosage suivent logiquement cette tendance », entérine Philippe Chaizemartin. Pour autant, la poudre restant une méthode bien installée, notamment dans les grosses blanchisseries hospitalières et chez les loueurs, on précise chez Kreussler que, « pour doser les lessives en poudre dans les tunnels de lavage ou les laveuses-essoreuses, vous avez le choix entre un dosage par moulin à poudre ou une installation de dosage pour solution mère. La décision dépendra de la taille de l’exploitation et de l’espace disponible. On utilise beaucoup les installations de dosage pour solution mère lorsque plusieurs machines (tunnels de lavage ou laveuses essoreuses) doivent être alimentées de façon centralisée. L’installation peut être composée, selon la place dont vous disposez, soit de deux cuves en acier inoxydable (cuve de dosage et cuve de préparation), soit d’une seule cuve. La commande se fait par écran tactile. Elle peut également se faire sur un écran d’ordinateur plus large si la blanchisserie est équipée d’un poste de commandement. Pour sa part, le moulin, en acier inoxydable, peut alimenter en poudre jusqu’à 6 machines, avec unité de rinçage séparée. En fonction de la place disponible, il pourra être alimenté par un système de big bags. L’unité de dosage pour poudre peut approvisionner en lessive plusieurs laveuses-essoreuses ou un tunnel de lavage. »

Simplicité et sécurité, des critères essentiels

Parmi les autres critères à prendre en compte lors du choix de son système de dosage, la sécurité est un point crucial. « La question de la sécurité doit se poser. Le système de dosage doit pouvoir offrir toutes les conditions de sécurité requises en blanchisserie (protection des biens et des personnes) », souligne Philippe Chaizemartin. « En fait, nous parlons surtout d’objectifs : proposer toujours la solution la plus fiable, durable et sécurisée, tout en cherchant à réduire les coûts pour le client final », détaille pour sa part Fabien Neel. Pour ce faire, les systèmes de dosages centralisés ont bénéficié (et bénéficient chaque jour) de nombreux et multiples progrès. « Chaque fois qu’un client remonte une information relative à l’utilisation de son matériel qui peut s’avérer utile à l’ensemble de nos utilisateurs, nous déclinons la solution mise en place au global », précise ainsi Philippe Pennarun, responsable régional du secteur Ouest de la division blanchisserie de Christeyns. « Les interfaces et logiciels développés pour gérer les systèmes de dosages centralisés se veulent simples, intuitifs… Ils apportent une vraie plus-value au concept, puisqu’ils permettent de générer des rapports en temps réel et au global sur la consommation, la production, le Ph, la température de rejets… et même de gérer le système à distance ! ». Autant de petit plus qui visent à faciliter le quotidien des opérateurs en charge du système. « C’est vrai que cela a un coût : pour autant, l’utilité et le retour sur investissement n’est plus à démontrer. »

À la clé, des avantages et des économies

« Deux autres critères très importants sont la réduction des coûts liés au lavage et un meilleur respect de l’environnement. Que ce soit sur la partie chimie (amélioration des compositions chimiques de produits et des rejets) ou sur le concept de lavage souhaité par le client final (pour une réduction des coûts énergétiques, des consommations d’eau, etc.), cela aura une incidence sur le choix de son système de dosage », explique Fabien Neel. Avec dans tous les cas des avantages vecteurs d’économies potentielles. Car recourir au système de dosage centralisé, c’est s’offrir des garanties : « Envoyer la bonne dose de produit, au bon moment, le plus rapidement possible, en toute sécurité. Aucune création de blanchisserie ne se fait aujourd’hui en prévoyant un dosage manuel. Le dosage automatique permet : la sécurité (pas de manipulation de produits pouvant être dangereux), l’optimisation (pas de gaspillage ni de sous-dosage, une maîtrise du taux de relavage), et l’utilisation des bons produits au bon moment, garantissant une répétitivité des résultats aussi bien visuels que bactériologiques, tout en préservant la durée de vie des textiles », affirme Philippe Chaizemartin, tout comme Philippe Pennarun ou Fabien Neel. Pour le responsable des ventes France de Proquimia, « les systèmes de dosage automatiques apportent beaucoup d’avantages : des dosages fiables et précis, une sécurité maximale pour l'utilisateur (pas de manipulation de produit, risque minimum de projections ou déversements...), une programmation des cycles de lavage réalisée par des professionnels en fonction du type de linge traité, une traçabilité précise avec les statistiques sur les programmes de lavage effectués et les consommations de produits... »

Injection automatique sans risque de surdosage

Même son de cloche chez Electrolux, qui, avec son système ED (Efficient Dosing) propose une solution qui simplifie le process de dosage des produits lessiviels par l’injection automatique de la quantité précisément adaptée de produits sans risque de surdosage. « Le système Efficient Dosing est une approche tout à fait innovante qui permet d’adapter très précisément la quantité de produits lessiviels à la charge réelle de linge dans le tambour de la machine », détaille Véronique Colfort, directrice marketing Electrolux Professional France. « Etre capable de définir les quantités correctes de produits lessiviels représente une réelle avancée et exige la meilleure technologie d’un système intégré. La capacité d’adapter les produits n’est pas une caractéristique anodine car cela suppose de peser la charge de linge et de transmettre l’information aux pompes de dosage. Les systèmes traditionnels considèrent la charge normale de la machine comme référence pour le dosage des produits. Or en réalité, nous savons qu’il n’est pas rare que la machine soit en sous charge. Si cela n’est pas détecté, cela induit une consommation excessive et inutile de produits, une usure accélérée du linge, plus de rejets, et des coûts supplémentaires. » L’occasion de souligner et de rappeler que peu importe l’équipement du site (tunnel ou laveuses), il est toujours possible d’installer un système de dosages centralisés. « Les systèmes de dosage automatique garantissent le déroulement sans failles du processus de lavage, le respect de tous les paramètres. Il n’existe plus de risque d’erreur humaine, chaque poste de lavage étant commandé et contrôlé automatiquement. A l’aide du logiciel d’analyse, la totalité du processus de lavage peut être documenté et visualisé sur écran. Que vous ayez besoin d’un système de dosage pour une machine, un groupe de machines, un tunnel de lavage ou l’ensemble de votre parc, il existe toujours une solution », note t-on chez Kreussler.

Un investissement mais des gains notables

« L'investissement nécessaire pour ce type d'équipement varie selon la configuration de la blanchisserie, le poids de linge traité, la surface et l'aménagement des locaux où vous devrez l’installer... Il est également important d'évaluer le niveau de maintenance et d'assistance technique que va nous demander le système, et qui se traduisent automatiquement en coûts indirects à l’investissement initial. Bien que le client assume le coût d'investissement du matériel, la précision des dosages de produits permet de réaliser des économies importantes. Ensuite, c'est une question d'optimisation du travail et donc d’amélioration de la productivité », précise Fabien Neel, qui note, à titre d’exemple : « Nos systèmes pour les petites unités (NDLR : qui constituent l’essentiel de la cible du fabricant espagnol) représentent l’investissement suivant : selon la configuration, entre 4.000 et 5.000 € pour un système liquide et un système centralisé (plusieurs laveuses). Pour un système de dosage poudre, le montant est environ deux fois supérieur. » Chez Ecolab, coutumières des grosses unités de blanchisserie, « l’investissement est lié à la configuration des outils de lavage et de l’outil de dosage, allant d’environ 15 000 € HT à 250 000 € HT. »

Tunnel et laveuses : des différences ?

« Que ce soit en tunnel de lavage ou en laveuses-essoreuses, les objectifs que nous recherchons à travers le dosage sont les mêmes, à savoir envoyer la bonne dose de produit, au bon moment, le plus rapidement possible en toute sécurité. Le tunnel de lavage produisant plus vite, nous privilégions un dosage rapide. Nous adaptons pour cela le débit de la pompe au volume de produit à doser. Pour les laveuses-essoreuses, notamment dans les petites unités, un des critères peut être l’encombrement (emplacement au sol). Il faut néanmoins savoir que les installations que nous proposons sur les grosses unités sont 100 % adaptables aux petites unités », rappelle Philippe Chaizemartin, habitué à traiter aussi bien avec les petites que les grosses unités. Même bilan chez Christeyns, où on note un intérêt également au recours à l’air comprimé plutôt qu’à l’eau au niveau de l’envoi des produits vers les équipements de lavage. « L’air comprimé présente sans conteste des avantages, notamment un gain de rapidité et d’économies en comparaison avec l’eau, qui peut vite venir gonfler la consommation si la distance entre les pompes et le matériel est trop longue », note Philippe Pennarun. Chez Proquimia, plus tourné comme évoqué plus haut vers les petites unités, « la configuration de l'installation d'une blanchisserie dépend du nombre de laveuses essoreuses et de la capacité de chacune, car ce n'est pas le même investissement lorsque nous sommes en présence de deux machines de 100 kg ou de 5 de 40 kg. Les petites unités disposent régulièrement de plusieurs machines de petites capacités. Dans ce cas-là, les systèmes avec des détergents solides ne sont pas fréquemment proposés car cela nécessite l’utilisation d’un système automatique pour la poudre et un autre pour le dosage d'additifs liquides (oxydants, assouplissants, etc.). Notre système pour ce type de blanchisseries est basé sur la commercialisation de produits liquides et repose sur la mise à disposition d’un ensemble de pompes péristaltiques, pneumatiques ou à membranes. En fonction du nombre de laveuses, nous pouvons le configurer en système centralisé avec une électronique spécifique qui nous permet de gérer toutes les laveuses essoreuses de manière indépendante. Lorsque cela est possible, nous proposons aussi un système de dosage de lessive en poudre installé indépendamment du système de dosage liquides pour les additifs, avec une armoire de réception de la poudre équipée d’une vis sans fin, et qui, à partir de l’unité de contrôle, transfèrera le dosage nécessaire dans le programme de lavage choisi. »  À noter par ailleurs, chaque système est adaptable aussi bien avec des pompes à gros débit (pompes pneumatiques ou à membranes) qu’à petit débit (pompes péristaltiques).

3 questions à …  Fabien Dumont,   moniteur de la blanchisserie de l’ESAT de La Sauldre

Pourquoi avoir fait le choix d’investir dans un système de dosage centralisé malgré la taille de l’unité ? Nous avons en effet pour objectif de traiter 500 kg de linge par jour à terme (NDLR : l’activité a démarré fin avril, la blanchisserie de l’ESAT vient d’être refaite à neuf et équipée par Danube). Cela peut paraître peu. Pour autant les prérogatives en matière de sécurité nous ont conforté sur ce choix, d’autant plus en regard de notre population de travailleurs. Cela nous permet d’avoir un minimum de manipulation de produits, l’accès au local lessiviel étant de toute façon réservé aux moniteurs. Avez-vous formulé des requêtes particulières auprès de votre fournisseur (Christeyns) ? Nous souhaitions surtout une vraie simplicité d’utilisation et des programmes de lavage adaptés au type de linge traité : 80 % de linge de résidents, le reste provenant de gîtes, de particuliers et quelques professionnels des métiers de bouche. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce système ? Je pense que cela va nous permettre d’avoir un coût calculé au plus juste et d’améliorer la qualité du lavage. Sans parler de la précision du dosage ! Nous avons aussi fait le choix de basculer sur une solution liquide, plus adaptée à notre gabarit.

3 questions à …  Mme ARNOULD,   Blanchisserie SNP (Chevigny)

Qu'est-ce qui a motivé l'installation d'un système de dosages centralisés dans votre blanchisserie ? La première raison réside dans le fait de toujours obtenir le dosage adapté pour chacun des produits et pour chaque programme de lavage. Ceci nous apporte une précision permettant d’obtenir les meilleurs résultats possibles sur le linge tout en assurant des coûts de produits lessiviels maîtrisés. L’autre raison, c’est le gain de temps et la sécurité pour le personnel de blanchisserie ; à partir d’un certain tonnage de linge traité par jour, vous devez optimiser votre processus de lavage et cela passe par un système de dosage fiable, précis et pratique. Un système centralisé vous offre un minimum de manipulation de produits chimiques et donc une sécurité sur les manipulations de produits. Quel constat faites-vous en matière de gains et d'économies depuis son installation ? Savoir que nous dosons précisément chaque produit par catégorie de textiles et de salissures nous permet automatiquement de réaliser des économies, notamment sur les consommations de produits. Ensuite, nous proposons aujourd’hui de la location de linge, qui nous appartient par conséquent. La maîtrise des dosages nous permet d’assurer un meilleur respect des fibres, donc de baisser le pourcentage d’usure et de conserver nos textiles plus longtemps. Enfin, la traçabilité offerte aujourd’hui par ces systèmes de dosage nous permet de suivre régulièrement et d’analyser les consommations de produits. Toute surconsommation est identifiée et les actions correctives peuvent être mise en place très rapidement en accord avec notre fournisseur Proquimia. Quelles évolutions techniques souhaiteriez-vous voir sur ce type de matériel ? Nous sommes assez satisfaits de notre système actuel et des dernières technologies apportées. Cependant, la gestion a distance des systèmes de dosage serait éventuellement une avancée dans ce domaine. Cela permettrait à notre fournisseur d’améliorer encore sa réactivité. Nous savons que ce type de système existe, mais son coût est pour l’instant très élevé et il faut par conséquent traiter de gros volumes de linge pour le rentabiliser –et donc en bénéficier.

3 questions à …  Alexis Rodier  Administrateur GCSMS inter-établissements à Darney

Êtes-vous satisfait du retour sur investissement de votre système de dosage automatique ? Je suis globalement satisfait de ce choix qui s'est porté sur une solution liquide (Ecolab). En effet, malgré le peu de recul que nous puissions avoir sur cette installation (10 mois), mais aussi la difficulté à comparer l'ancien système utilisé sur une blanchisserie obsolète traitant 500Kg/jour, il s'avère que le cahier des charges est respecté, tant en termes de coût que de consommations. Quel type de maintenance sur ce matériel ? A ce jour, aucune maintenance particulière n'est à opérer sur cette installation, ni d'ailleurs aucun dysfonctionnement ! Quid de la formation de l'opérateur qui intervient sur ce poste ? Au vu de la dangerosité et de la toxicité des produits utilisés, seuls les agents hospitaliers et plus précisément le process-mann, sont autorisés à pénétrer dans le local concerné. Nous le considérons comme un local à risque particulier avec accès réglementé.

L’informatique dans les systèmes de dosages centralisés

Les différentes interfaces informatiques développées par les fabricants s’adaptent à tout type de tunnels ou de laveuses se trouvant sur le marché. Elles assurent la gestion des paramètres de dosage via un ordinateur et à distance lorsqu’elle sont équipées du système, de n’importe quel endroit pourvu d’une connexion. Parallèlement aux éléments de dosage, le système réalise un enregistrement continu des données de chaque opération, fournissant statistiques, rapports d’alarme et points d’amélioration. Autant d’informations qui contribuent à améliorer les performances durant le processus de lavage, et in fine, le rendement de la blanchisserie. « L’installation d’un dispositif de saisie des données dans un système de dosage implique certes un effort financier, mais permet aussi de structurer l’exploitation, d’opérer un contrôle online, d’avoir une vue d’ensemble sur toutes les informations relatives à la consommation et de procéder rapidement à certaines évaluations individuelles. La saisie des données d’exploitation donne à l’entreprise plus de transparence et permet, en cas de problème, d’en localiser rapidement la source », détaille ainsi l’entreprise Kreussler.